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Steph en RDC
11 août 2008

Le grand jour

Samedi, jour du mariage à l'église et de la grande fête, l'effervescence a réigné dès le lever dans toute la maison. Les femmes et les enfants sont sortis se faire coiffer. Garhol et Aziza sont allés à l'église voir le prêtre pour "se confesser". En réalité, comme c'est un curé moderne, il a préféré leur proposer de se parler, de se dire des choses qui leur semblaient importantes pendant quelques minutes... et leur dialogue amoureux a duré une heure!

J'ai aidé la maman à peaufiner la liste d'invitations en fonction des derniers ajouts et annulations: il fallait absolument respecter le quota de 150 couverts. Aziza n'étant pas là, nous n'étions pas certains de travailler sur le fichier le plus à jour. Nous n'avions plus le temps de faire ça correctement, c'était le stress! Pendant ce temps, une amie s'affairait sur un autre ordinateur pour finaliser la mise en page du programme de la cérémonie, sans savoir qu'il était déjà trop tard: elle n'a finalement pas eu le temps de le faire imprimer avant le départ. "Où est untel? Qui va s'occuper d'habiller Imani? Que font les chauffeurs? Personne n'a vu mes clés? Ooooooh, mais il va se dépêcher ou quoi?": l'heure tournait et la liste des tâches restant à accomplir avant 15h30 semblait augmenter plutôt que diminuer, phénomène qui, combiné à la fatigue généralisée, produisait un stress croissant.

Aziza m'a dit qu'à l'Eglise, ce serait moi qui lirais les intentions. Comme elle n'avait pas eu le temps de les composer, on se baserait sur le texte d'un autre mariage dont elle avait gardé le programme. Elle m'a aussi confié son Pc portable, des baffles et le CD d'Aznavour sur lequel figurait "A ma fille", la chanson qu'il faudrait diffuser à son entrée dans l'église.

Vers 15h45, tout le monde était prêt. Nous nous sommes entassés dans les voitures et avons foncé vers Notre-Dame de Fatima, dans la commune de La Gombe. Quand nous sommes arrivés, le prêtre et les invités qui avaient eu l'idée saugrenue d'être ponctuels y attendaient les mariés depuis 45 minutes, mais ils gardaient le sourire. Un frère d'Aziza m'a accompagné en vitesse près de l'autel, à l'endroit où la chorale était en train de se chauffer la voix, pour brancher les baffles et allumer le portable, juste à temps pour qu'Aziza ait sa musique en entrant au bras de son papa.

Le curé ne se prenait pas la tête, il utilisait des mots simples et rendait ainsi la cérémonie sympathique et sincère. Comme pour le mariage de Nadine, la chorale a fait un malheur. L'une des jeunes cousines d'Aziza, venue de France pour les vacances, a chanté une chanson avec eux, c'était magnifique. Malheureusement pour moi, le curé n'avait pas capté que j'allais lire les intentions (à mon avis, dans la précipitation personne n'avait pensé à lui dire). Il l'a fait lui-même, me privant du plaisir de pleurer d'émotion devant 100 personnes.

A la sortie de l'église, nous aons félicité les mariés, pris quelques photos et filé vers la maison, pur que les dames se changent avant la fête. Nous en avons profité pour acheter un casse-croûte dans la rue, que nous avons dégusté dans le salon avec les mariés, éclairés aux chandelles vu le délestage. Il y avait des beignets, de la pâte de manioc et du dindon, la viande la plus grasse que j'aie jamais mangé (mais c'est pas mauvais).

Il devait être 19h30 quand Aziza et moi nous sommes rendu compte que la composition des tables n'était pas encore faite. Or, les choses sont très strictes à ce sujet là-bas: à un mariage comme il faut les gens doivent être placés à une table numérotée. J'ai donc repris le PC protable, le fichier Excel avec la liste d'invités qu'on savait probablement incomplète, et elle m'a donné ses indications en quatrième vitesse pour placer les gens en fonction de leurs affinités.

La fête était supposée commencer à 20h30 et c'est peu après cette heure que, au comble du stress et de l'énervement, les demoiselles et garçons d'honneur, les mariés et moi sommes partis vers le centre-ville où se trouvait la salle. C'est dans la voiture que nous avons décidé que je m'occuperais de filtrer les entrées et d'indiquer aux demoiselles d'honneur à quelle table accompagner chacun. Vu les imprécisions de la liste d'invités et le fait qu'on avait composé le plan de table en comptant 17 tables au lieu de 15, cette tâche m'a valu quelques sueurs froides et je ne me suis pas fait que des amis, mais j'étais content d'aider et flatté qu'on me confie cette responsabilité. Finalement ça c'est très bien passé, grâce à des désistements de dernière minute et à l'aide efficace des demoiselles d'honneur débrouillardes et sympas.

Quand vers 23h, on a ouvert le buffet, j'ai pu gagner une place, me détendre et profiter du cadre quasi-paradisiaque de l'hôtel Faden House: la grande pelouse (un luxe en soi vu l'absence de pluie en saison sèche) était délicatement éclairée et fleurie. Des palmiers au tronc élégant, bien entretenu, écoutaient avec nous les standards américains et brésiliens joliment repris par l'orhestre "The Best", qui allait briller d'éclectisme et de classe toute la nuit. Opulet et raffiné, le buffet proposait des mets européens (cailles, magret de canard, salades...) et africains (poisson capitaine, poulet à la mwambe, bananes frites, manioc...). Les serveurs, impeccables, nous versaient un bon rioja qui, combiné à la joie de voir mes amis se marier, participa à me fournir l'entrain qui me fit passer toute la soirée sur la piste de danse. Que ce soit de la musique "pour vieux", genre rumba congolaise, des tubes africains plus récents pour chacun desquels il existe une chorégraphie que je m'efforçais maladroitement mais joyeusement d'imiter, ou encore du hip-hop, j'étais sur toutes les balles!

Un des plus beaux moments de la soirée eut lieu vers 3 heures: alors que tout le monde était sur la piste en train de danser, le chanteur a cédé le micro au papa, qui tout en dansant a fredonné pour sa fille, avec tendresse et justesse, une chanson d'amour en lingala.

J'avais rarement vu un mariage aussi parfaitement réussi, c'était une soirée vraiment émouvante et somptueuse.

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