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Steph en RDC
5 août 2008

Kinshasa de long en large

Ces derniers jours ont été presque entièrement consacrés à la préparation du mariage d’Aziza, ce qui m’a donné l’occasion de parcourir Kinshasa de long en large avec elle, sa maman et l’un ou l’autre cousin.

Comme dans d’autres pays africains, la circulation automobile ne relève pas ici d’un savoir-faire. Il s’agit plutôt d’un art, nécessitant instinct (de survie) et créativité pour slalomer entre les nids de poule et anticiper les déboîtages intempestifs des taxis. Ce qu’on appelle ici les taxis, ce sont de vieilles camionnettes généralement bleues et jaunes, sur lesquelles on lit encore parfois le sigle de sociétés belges. Les sièges y sont des bancs de bois vissés au sol et les fenêtres sont sciées dans la tôle. J’ai la chance de ne pas devoir m’y entasser : je me laisse conduire dans la Toyota Corolla des parents d’Aziza. En semaine les embouteillages sont nombreux. Les gaz des vieux moteurs pourris se mélangent à la poussière, mieux vaut ne pas être asthmatique. Les policiers sont nombreux. Ils remplacent les feux de signalisation à chaque carrefour (du moins en journée, le soir c’est donc un peu plus compliqué) et sont généralement bienveillants. Pas le genre, comme dans certains endroits, à vous arrêter tous les 100 mètres pour vous soutirer un billet. Par contre si vous ne portez pas votre ceinture, il faudra payer.

De manière générale, le Kinois laisse le blanc tranquille. Je n’ai pas ressenti, comme à Dakar par exemple, l’omniprésence d’escrocs et de mendiants. Et contrairement aux enfants togolais, ceux d’ici ne chantent pas une comptine quand passe un mundele. Il faut dire que le quartier des parents d’Aziza, réservé semble-t-il à une certaine bourgeoisie, est particulièrement paisible et agréable. Je m’y suis plusieurs fois promené en compagnie d’un « tonton » ou d’un ami de la famille et nous sommes allés boire une bière à la terrasse d’un café.

Les préparatifs me permettent de découvrir une diversité de commerces. Ainsi, j’ai visité un petit atelier de couture où Aziza a expliqué au tailleur le type de modèle de robe qu’elle souhaite pour la cérémonie de mariage traditionnel, autrement dit la dot. C’est dans ce même atelier que seront cousues pour l’occasion les robes et les chemises, faites du même tissu donc appelées uniformes, que porteront ce jour-là tous les membres de la famille de la mariée, à laquelle on me fait l’honneur de m’assimiler. J’ai également pu observer comment se négociait le prix des alliances et j’ai parcouru, sur le grand marché, les échoppes des vendeuses de pagnes. En admirant ces pièces multicolores de tissu Wax ou Java, j’ai toujours une pensée mélancolique pour ma regrettée belle-mère, qui les vendait et en portait de très beaux.

Outre les achats, les courses consistent aussi à rejoindre telle ou telle personne sur son lieu de travail ou à son domicile pour lui déposer les faire-part d’invitation destinés à sa famille. Par exemple, nous sommes passés voir « Tata Georgette », que j’ai décidé d’appeler Tata Ginette car elle me nomme toujours Serge, au centre hospitalier de la Banque Centrale (les grands employeurs disposant de leurs propres infrastructures de santé) où elle est dentiste. Nous nous sommes également rendus à l’immeuble de bureaux où travaille « Tonton Fidel », le sénateur, puis chez des amis dans un immeuble à beaux appartements, qui souffre malheureusement du manque d’entretien. Du balcon j’ai pu apercevoir le fleuve Congo et sur l’autre rive, Brazzaville.

J’ai eu avant-hier la chance de revoir Amani et son mari. Amani a étudié avec moi aux FUCAM et elle travaille actuellement dans une banque à Kinshasa. Elle ne regrette pas du tout d’être rentrée au pays : même si la vie est parfois dure et s’il faut travailler énormément, on a au moins la satisfaction de se sentir chez soi et de sentir son travail reconnu, sans discrimination. Aziza et Garhol envisagent de suivre ce chemin dans quelques années. A mon humble avis le pays aurait énormément à gagner au retour de ces cerveaux qui disposent d’une bonne formation et, dans des cas comme ceux de Garhol et Aziza, d’une expérience de haut niveau dans de grandes sociétés internationales.

A la maison, l’ambiance est assurée par les enfants. Les filles adorent se mettre devant la télé pour imiter, avec un talent très précoce, les chorégraphies des clips congolais, tandis que les garçons privilégient la Playstation. La petite Imani aime aussi beaucoup m’ennuyer, mais ses cousins n’osent pas trop, ils ont beaucoup de politesse et de respect pour les adultes.

Ce qui contribue également beaucoup à l’ambiance, c’est qu’on entend jour et nuit la musique de la FIKIN, Foire Industrielle de Kinshasa (qui est devenue au fil des ans une sorte de kermesse) située juste derrière la maison et où se succèdent les concerts. Dans la rue comme à la télé, on constate continuellement à quel point la RDC est un pays musical.

Le quartier connaît depuis ce week-end une pénurie d’eau. Nous pensions au départ que c’était passager, en raison de travaux d’entretien (voir message précédent). Il s’avère finalement qu’une voiture a écrasé une canalisation au bout de notre rue. Résultat, plus d’eau courante depuis presque quatre jours. Il n’y a pas de puits et comme c’est la saison sèche il ne pleut pas du tout. Nos réserves se sont donc vite épuisées, malgré la parcimonie dont nous faisons tous preuve à la salle de bains, aux toilettes et à la cuisine. Hier à 23 heures, nous avons dû nous résoudre à aller remplir les bidons chez des cousins qui vivent de l’autre côté du boulevard. Ca donne un petit côté « camping » mais heureusement, la fraîcheur (grand max 25°C en journée, à mon avis) fait qu’on ne transpire pas trop.

Il paraît qu’en Belgique c’est la canicule. Si c’est le cas, consolez-vous en vous disant que vous pouvez toujours prendre une douche bien rafraîchissante : c’est une chance !

Voilà, donc en résumé le moral est au beau fixe, je vois plein de trucs, je rencontre plein de gens et tout le monde est bien sympa avec moi. La cérémonie de la dot aura lieu demain ou jeudi, le mariage civil vendredi, la messe et la grande fête samedi. J’espère avoir la possibilité de vous raconter tout ça au fur et à mesure…

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